Faim dans le monde : passer de la logique du marché à celle de la solidarité (traduction complète)


Pour lutter contre la faim, il convient de « dépasser la froide logique du marché » et de « renforcer la logique de la solidarité ». C’est que déclare le pape François ce vendredi 15 octobre 2021, dans un message adressé à la FAO à l’occasion de la Journée mondiale de l’Alimentation 2021.


Dans un message adressé au directeur général de la FAO, Qu Dongyu, à l’occasion de la Journée mondiale de l’Alimentation 2021, qui est célébrée chaque année le 16 octobre, le pape François a dénoncé la logique du marché, « avidement centrée sur le seul bénéfice économique et sur la réduction de la nourriture à une marchandise parmi d’autres ».


« La pandémie nous donne l’occasion de changer de cap et d’investir dans un système alimentaire mondial capable de faire face à de futures crises de manière raisonnable et responsable », a affirmé le pape. Il faut, a-t-il souligné, inciter producteurs et consommateurs à « prendre des décisions éthiques et durables » et favoriser une « participation active au changement à tous les niveaux », en particulier de la part des petits producteurs.


Voici notre traduction du message du pape François, publié dans l’original en espagnol, avec des traductions en italien et en anglais.


Message du pape à la FAO


Excellence,


La célébration annuelle de la Journée mondiale de l’alimentation nous met devant un des plus grands défis de l’humanité : vaincre la faim une fois pour toutes est un objectif ambitieux. Le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, qui s’est tenu à New York le 23 septembre dernier, a mis en évidence la nécessité d’adopter des solutions innovatrices susceptibles de transformer la façon dont nous produisons et consommons les aliments, pour le bien-être des personnes et de la planète. C’est impératif pour accélérer la reprise après la pandémie, lutter contre l’insécurité alimentaire et progresser vers la réalisation de tous les Objectifs de l’Agenda 2030.


Le thème proposé cette année par la FAO, « Agir pour l’avenir. Améliorer la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie », souligne le besoin d’une action commune garantissant à chacun l’accès à une alimentation durable sur le plan environnemental, adéquate et abordable. Chacun de nous a un rôle à jouer dans la transformation des systèmes alimentaires au bénéfice des personnes et de la planète et « nous pouvons tous collaborer au soin de la création, chacun avec sa culture et son expérience, ses initiatives et ses capacités » (Lettre encyclique Laudato si’, n. 14).


Nous assistons actuellement à un véritable paradoxe en matière d’accès à la nourriture : d’une part, plus de trois mille millions de personnes n’ont pas accès à un régime nutritif tandis que, de l’autre, presque deux mille millions de personnes sont en surpoids ou obèses en raison d’une mauvaise alimentation et d’un mode de vie sédentaire. Si nous ne voulons pas mettre en danger la santé de notre planète et de toute notre population, nous devons favoriser la participation active au changement à tous les niveaux et réorganiser les systèmes alimentaires dans leur ensemble.


Je voudrais indiquer quatre domaines dans lesquels il est urgent d’agir : dans les champs, en mer, à table et dans la réduction des pertes et du gaspillage alimentaire. Nos modes de vie et nos pratiques de consommation quotidiennes influent sur la dynamique mondiale et environnementale, mais si nous aspirons à un changement réel, nous devons inciter les producteurs et les consommateurs à prendre des décisions éthiques et durables et sensibiliser les générations plus jeunes à la tâche importante qui leur incombe de faire d’un monde sans faim une réalité. Chacun d’entre nous peut apporter sa contribution à cette noble cause, en commençant par notre vie quotidienne et par les gestes les plus simples. Le premier pas pour être des gardiens et des promoteurs de l’environnement consiste à connaître notre Maison commune, la protéger et être conscient de son importance.


La pandémie nous donne l’occasion de changer de cap et d’investir dans un système alimentaire mondial capable de faire face à de futures crises de manière raisonnable et responsable. En ce sens, la précieuse contribution des petits producteurs est fondamentale ; nous devons faciliter leur accès à l’innovation qui, appliquée au secteur agroalimentaire, peut renforcer la résistance au changement climatique, augmenter la production de nourriture et soutenir ceux qui travaillent dans la chaîne de valeur alimentaire.


Lutter contre la faim exige de dépasser la froide logique du marché, avidement centrée sur le seul bénéfice économique et sur la réduction de la nourriture à une marchandise parmi d’autres, et de renforcer la logique de la solidarité.


Monsieur le Directeur général, le Saint-Siège et l’Eglise catholique marchent avec la FAO et les autres entités et personnes qui donnent le meilleur d’elles-mêmes afin qu’aucun être humain ne voie ses droits fondamentaux violés ou ignorés. Que ceux qui sèment des graines d’espérance et de concorde se sentent soutenus par ma prière pour que leurs initiatives et leurs projets soient toujours plus fructueux et efficaces. Avec ces sentiments, j’invoque la bénédiction de Dieu tout-puissant sur vous-même et sur tous ceux qui, avec engagement et générosité, combattent la misère et la faim dans le monde.


© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat


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