Jean-Paul Ier et « la simple marche dans la foi des apôtres »


Pour Jean-Paul Ier, écrit le pape François, « le plus urgent, le plus actuel, de notre temps, n’était pas le produit de sa propre pensée ou de son propre projet généreux, mais la simple marche dans la foi des Apôtres ».


Le pape François signe la préface d’un livre sur le pape Jean-Paul Ier, intitulé « Le magistère. Textes et documents du pontificat ». Publié par la Lev et la maison d’édition San Paolo, l’ouvrage rassemble les notes et réflexions, les homélies, lettres ou catéchèses prononcées ou écrites par le Pape Luciani au cours de ses 34 jours de pontificat, du 26 août 1978 au 28 septembre 1978.


La préface du pape François en italien a été publiée ce lundi 9 mai 2022 sur le site du quotidien des évêques italiens, Avvenire.


Voici une traduction non officielle proposée par Vatican News de la préface signée par le pape François.


 


Préface (traduction non officielle) du pape François


Jean Paul I, né Albino Luciani, a été évêque de Rome pendant 34 jours. Par son intermédiaire, lors de ces brèves semaines de pontificat, le Seigneur a trouvé le moyen de nous montrer que le seul trésor est la foi, la foi simple des Apôtres, reproposée par le Concile œcuménique Vatican II. C’est ce dont attestent également les pages de ce volume, qui résume avec une formulation précise et complète son magistère, et réunit tous les discours écrits et prononcés au cours de son pontificat. Pendant le peu de temps qu’il a vécu en tant que successeur de Pierre, le Pape Jean-Paul Ier a confessé la foi, l’espérance et la charité comme des vertus données par Dieu, leur consacrant ses catéchèses du mercredi. Et il nous a répété que la préférence pour les pauvres fait infailliblement partie de la foi apostolique, lorsque – dans la liturgie célébrée à Saint-Jean-de-Latran lors de la prise de possession de la Chaire romaine – il a cité les formules et les prières qu’il avait apprises dans son enfance pour réaffirmer que l’oppression des pauvres et la «spoliation des travailleurs de leur juste salaire» sont des péchés qui «crient vengeance devant Dieu».


C’est précisément grâce à la foi du peuple chrétien, auquel il appartenait, qu’il a pu jeter un regard prophétique sur les blessures et les maux du monde, montrant combien la paix tient au cœur de l’Église. En témoignent, par exemple, les nombreuses expressions disséminées dans ses discours publics de l’époque, rapportées dans ces pages, exprimant son soutien aux pourparlers de paix qui se sont tenus du 5 au 17 septembre 1978 et qui ont engagé le président américain Jimmy Carter, le président égyptien Anwar al-Sadat et le Premier ministre israélien Menachem Begin à Camp David. Ou encore les paroles qu’il a adressées le 4 septembre 1978 à plus de cent représentants de missions internationales, exprimant alors le souhait que «l’Église, humble messagère de l’Évangile auprès de tous les peuples de la terre, puisse contribuer à créer un climat de justice, de fraternité, de solidarité et d’espérance, sans lequel le monde ne peut pas vivre». Jean-Paul I a ainsi répété que le plus urgent, le plus actuel, de notre temps, n’était pas le produit de sa propre pensée ou de son propre projet généreux, mais la simple marche dans la foi des Apôtres. La foi, il l’a reçue comme un don dans sa famille de travailleurs et d’émigrants, qui ont connu le labeur de la vie pour ramener le pain à la maison. Des gens qui ont marché sur la terre, pas dans les nuages. L’humilité faisait également partie de ce don. Se reconnaître petit, non par effort ou par pose, mais par gratitude. Car on ne peut devenir humble que dans la gratitude après avoir fait l’expérience de la miséricorde et du pardon sans mesure de Jésus. Et ainsi, il peut aussi devenir facile de faire ce qu’Il demande: «Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur».


À la mort du Pape Luciani, Óscar Arnulfo Romero – l’archevêque de San Salvador assassiné devant l’autel et aujourd’hui vénéré comme un saint par le peuple de Dieu – a célébré une messe le 3 octobre en mémoire du défunt pontife. Avec la brièveté de son pontificat – a dit Romero – Jean-Paul Ier n’a eu «que le temps de donner au monde la réponse brève mais dense que Dieu donne au monde d’aujourd’hui. En si peu de temps, avec la mort de deux papes et deux élections papales, a observé l’archevêque martyr, le monde a été appelée à porter son attention sur le «sommet de la hiérarchie de l’Église catholique», cette hiérarchie qui est placée «sur les épaules d’hommes fragiles», mais qui est appelée à être «le canal par lequel l’Église est guidée et gouvernée» et un «signe sacramentel» de la «grâce qui est donnée aux hommes». C’est le mystère de ce que saint Ignace de Loyola appelle «Notre Sainte Mère l’Église hiérarchique». Dans l’Église, la hiérarchie n’est pas une entité isolée et autosuffisante. Elle est au sein d’un peuple rassemblé par Dieu «au service du Royaume et du monde entier»- comme l’a souligné Mgr Romero – car l’Église «n’est pas une fin en soi, encore moins la hiérarchie: la hiérarchie est pour l’Église, et l’Église est pour le monde». Dans ces circonstances, celle de la mort de Jean-Paul Ier – le saint martyr a également observé qu’il était facile de reconnaître que l’Église n’est pas construite par le Pape ni par les évêques: le Successeur de Pierre est «la pierre de consistance» sur laquelle est unifiée l’Eglise que le Christ lui-même construit avec le don de sa grâce. Et si les portes de l’enfer et de la mort ne l’emportent pas, ce n’est pas à cause des «épaules fragiles» du Pape, mais parce que le Pape «est soutenu par Celui qui est la vie éternelle, l’immortel, le saint, le divin: Jésus-Christ, notre Seigneur». Et c’est ce mystère qui transparaît également dans l’histoire et les enseignements de Jean-Paul Ier.


 


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