« La Vérité qui sauve la vie en s’incarnant », par Mgr Follo


« Avec l’invitation à faire comme la Vierge Mère qui a apporté à Elizabeth non seulement un message, mais une Présence », Mgr Francesco Follo offre une méditation sur les lectures de ce dimanche 19 décembre 2021, quatrième dimanche de l’Avent, appelé aussi Dimanche de l’Incarnation ou de la Divine maternité de la Bienheureuse Vierge Marie.


Mgr Follo propose, comme lectures patristiques, des Sermons pour l’Avent du Bienheureux Guerric d’Igny ainsi que la Chaîne d’or 9139 sur Luc.


 


La Vérité qui sauve la vie en s’incarnant


Prémisse.


En ce dernier dimanche de l’Avent, l’Évangile raconte la visite de Marie qui porte en elle le Rédempteur, à sa cousine Élisabeth. Dans la rencontre entre ces deux femmes, il ne faut pas reconnaître qu’un simple geste de courtoisie. Il représente la rencontre de l’Ancien avec le Nouveau Testament. Les deux femmes, toutes les deux enceintes, incarnent en effet l’attente et l’Attendu. La vieille Élisabeth symbolise Israël attendant le Messie, tandis que la jeune Marie porte en elle l’accomplissement de cette attente, pour le bien de toute l’humanité.


Dans les deux femmes ils se rencontrent et reconnaissent d’abord les fruits de leurs entrailles, Jean et Jésus. A ce propos, le poète chrétien Prudentius écrit : « L’enfant contenu dans le sein sénile salue, par la bouche de sa mère, le Seigneur fils de la Vierge » (Apothéose, 590 : PL 59, 970). L’exultation de Jean dans le sein d’Élisabeth est le signe de l’accomplissement de l’attente : Dieu est sur le point de visiter son peuple. Dans l’Annonciation, l’archange Gabriel parle à Marie de la grossesse d’Élisabeth (cf. Lc 1, 36) comme preuve de la puissance de Dieu : la stérilité, malgré son âge avancé, s’est transformée en fertilité.


La Vierge-Mère n’apporte pas à Élisabeth seulement une aide matérielle et un message spirituel. Elle apporte une Présence : La Parole de Dieu faite chair, la Vérité qui sauve la vie, se faisant chair et embrasant le cœur de ceux qui la reçoivent, d’un amour du prochain qui anime la liberté de partager ce qui a été librement reçu. En faisant cela, nous serons les hérauts du monde entier de ce Dieu qui s’est fait Fils de l’homme afin que nous puissions devenir fils de Dieu.


 


1 Un ‘oui’ de foi qui devient chemin de charité  


Après avoir répondu « oui » à l’annonce apportée par l’ange Gabriel, la Vierge et Mère de celui qui sera appelé « Fils du Très-Haut » va chez sa cousine Elisabeth qui, bien que d’un âge très avancé, attend un enfant. Dès qu’elle voit arriver Marie, la vieille cousine, grâce à un tressaillement de joie de l’enfant qu’elle porte en son sein, reconnaît qu’il y a devant elle quelqu’un de grand. Elisabeth est comblée de l’Esprit-Saint et accueille Marie en s’exclamant d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni » (cf. Lc 1, 41-42). Bénie[1] et bienheureuse parce qu’elle a cru à l’accomplissement des paroles du Seigneur.


Le passage de l’Évangile d’aujourd’hui est centré sur la scène de la rencontre entre la Vierge Marie et sa cousine Elisabeth. Pour permettre cette rencontre de charité, Marie s’est mise « en chemin de charité », mue par un étonnement plein de gratitude pour ce qui lui était arrivée et pour ce qu’elle portait en son sein. C’est grâce aux pas de la Vierge qu’avant même de naître, Jésus est en chemin sur les routes du monde à la rencontre des hommes. C’est là un exemple de notre « devoir » de nous mettre en chemin sur les routes des hommes pour porter la lumière de l’Évangile à ceux qui ne le connaissent pas.


L’évangéliste Luc ne rapporte pas les paroles de salutations que Marie adresse à Élisabeth quand elle arrive chez elle. Ce silence est riche de signification. Précisément parce que, sans paroles, la salutation de Marie met sa personne au premier plan, et non ce qu’elle aurait éventuellement à dire. Au premier plan est la voix (cf. Lc 1,44) : ce ne sont pas les paroles de Marie qui ont fait tressaillir l’enfant, mais sa voix. C’est dans la voix de Marie que le petit enfant Jean perçoit la présence du Messie attendu.


La salutation de Marie n’est donc pas une simple forme de courtoisie, mais une expression d’amour. La salutation de Marie touche tout l’être d’Élisabeth, causant en elle ce tressaillement de joie, la manifestation de Jean dans le sein de sa mère autrefois stérile. C’est une salutation qui évoque cette vie nouvelle qui a germé dans le sein des deux femmes et qui est le signe du salut inauguré par Dieu.


Élisabeth aussi est saisie d’étonnement devant ce qui est en train de lui arriver et devant la visite du Seigneur porté par sa cousine Marie. C’est un étonnement qui devient une question : « D’où m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » À cette question, la Vierge répond en entonnant son hymne de foi et d’action de grâce envers Dieu, le Magnificat, qui se trouve immédiatement après le passage de l’Évangile de ce jour. Peut-être ce chant est-il né en Marie pendant son voyage à pied – une distance d’environ 150 kilomètres, pour arriver jusqu’à Ain Karim, village situé à 7 ou 8 kilomètres de Jérusalem, où habitaient Zacharie et Élisabeth.


Quand nous récitons le Magnificat, surtout le soir à la fin des Vêpres, nous cherchons à nous plonger en Marie et à regarder notre vie comme elle regardait la sienne : avec les yeux de la foi. Cherchons à imiter Marie, qui a eu une foi ferme, une charité délicate, une humilité sincère et la joie d’apporter le Christ au monde.


 


2 Un ‘oui’ humble et virginal, et donc maternel


Dans le Magnificat, la Vierge Marie manifeste les deux lignes directrices fondamentales selon lesquels Dieu agit dans l’histoire. Avant tout, la conscience que le salut découle uniquement de l’initiative gratuite de Dieu et de sa fidélité miséricordieuse. En second lieu, contrairement à la logique humaine, ce salut se réalise dans l’histoire des « anawim » bibliques, c’est-à-dire de ces fidèles qui se reconnaissent « pauvres » non seulement dans le détachement de toute idolâtrie de la richesse et du pouvoir, mais aussi dans l’humilité profonde du cœur. C’est à travers les « pauvres, les purs et les simples de cœur, les humbles, que Dieu réalise son plan de salut pour l’humanité.


Dans son hymne, la Vierge Marie chante que l’humilité est appréciée par Dieu et qu’elle a été choisie pour être la mère de Jésus, parce qu’elle est humble. L’humilité de Marie a été le terrain adapté pour la réalisation du projet de Dieu. Dans une belle homélie, saint Bernard de Clairvaux met en lumière la grandeur de l’humilité en Marie, n’hésitant pas à lui attribuer – à l’humilité – une importance prioritaire y compris devant la virginité : « Quelle belle alliance que celle de l’humilité avec la virginité. L’âme, où l’humilité fait valoir la virginité et dans laquelle la virginité jette un nouveau lustre sur l’humilité, plaît singulièrement à Dieu […] sans l’humilité – le dirai-je ? – la virginité même de Marie ne lui eût point été agréable […] si donc Marie n’était point humble, le Saint-Esprit ne serait pas venu reposer sur elle […] Il est donc bien évident qu’elle n’a conçu du Saint-Esprit, comme elle le dit elle-même, que parce que « Dieu a regardé favorablement l’humilité de sa servante (Luc., I, 48), » plutôt que sa virginité. Elle lui plut sans doute parce qu’elle était vierge, mais elle ne conçut que parce qu’elle était humble, d’où je conclus sans hésiter que c’est à son humilité que sa virginité dut de plaire à Dieu ».


Mais l’humilité n’est pas une fin en soi, elle est finalisée à la splendeur de la charité et en Marie, il y avait l’alliance « d’une très haute charité et d’une très profonde humilité » (saint Bernard de Clairvaux)


Dans la visitation à Élisabeth, Marie, « Vierge Mère, humble mais élevée plus qu’aucune autre créature » (Dante), porte en son sein le Verbe fait chair et elle se fait, d’une certaine manière, « tabernacle » – le premier « tabernacle » de l’histoire – où le Fils de Dieu, encore invisible aux yeux des hommes, s’offre à l’adoration d’Élisabeth, « irradiant » presque sa lumière à travers les yeux et la voix de Marie (saint Jean-Paul II, encyclique L’Église vit de l’Eucharistie, n.5)


La Vierge Marie n’est pas tant une créature qui sait qu’une créature qui croit, parce qu’elle est pleine de grâce et de foi et ainsi elle devient la figure de l’Église qui, dans la foi, accueille son Sauveur et le porte au monde, pour que l’humanité entière puisse s’en réjouir.


Dans cette pastorale de la Visitation, les Vierges consacrées dans le monde nous sont un exemple, elles qui, par leur travail « séculier », se font missionnaires de l’amour en marchant quotidiennement avec leurs frères et sœurs en humanité, qui peuvent ainsi avoir la joie d’être considérés et aimés.


Cet intérêt leur est inspiré par leur amour virginal pour le Seigneur Jésus, aimé par dessus tout et qu’elles font aimer. Ces femmes consacrées témoignent que le chrétien authentique transforme en charité tout ce qu’il touche : il transforme en charité le travail, la vie, la prière, la relation avec les autres. Tout ce que pratique le chrétien est comme renouvelé, sanctifié et transformé par la force de l’amour.


L’important est que, dans notre prière, le « merci » humble et amoureux ait la priorité. Comme l’a fait Marie qui, par son Magnificat, a dit « merci », en annonçant l’Évangile de la joie : la joyeuse nouvelle de cet amour pour Dieu qui se fait chair pour nous.


L’important est que chacun réponde avec humilité et selon ses capacités. Si nous regardons la scène de la Visitation, nous voyons Zacharie qui répond avec sa difficulté à croire, Élisabeth qui bénit, Marie qui loue, Jean qui « danse ». De diverses manières, chacun d’eux reconnaît et porte le Seigneur dans le monde. Vivons cet avènement de sorte que soit prononcée pour chacun de nous la parole : « Béni – Bénie es-tu parce que tu portes le Seigneur, comme Marie. Nous comprendrons mieux alors ce que dit saint Ambroise : « Si, selon la chair, une seule est la mère du Christ, selon la foi, toutes les âmes engendrent le Christ : que chacune en effet accueille en elle le Verbe de Dieu (Exposition de l’Évangile selon saint Luc, 2, 26-27).


L’important est de garder virginalement et d’alimenter notre mémoire de Dieu, en la gardant en nous-mêmes et en cherchant à la réveiller chez les autres. « C’est beau cela, faire mémoire de Dieu, comme la Vierge Marie qui, face à l’action merveilleuse de Dieu dans sa vie, ne pense pas à l’honneur, au prestige, aux richesses, elle ne s’enferme pas sur elle-même. Au contraire, après avoir accueilli l’annonce de l’ange et avoir conçu le Fils de Dieu, que fait-elle ? Elle part, elle va chez sa vieille parente Élisabeth, elle aussi enceinte, pour l’aider ; et dans sa rencontre avec elle, son premier acte est le souvenir de l’agir de Dieu, de la fidélité de Dieu dans sa vie, dans l’histoire de son peuple, dans notre histoire : « Mon âme exalte le Seigneur… Il s’est penché sur son humble servante… Son amour s’étend d’âge en âge » (Lc 1, 46.48.50). Marie a mémoire de Dieu. » (Pape François, Homélie du 29 septembre 2013).


 


 


Lecture patristique


Bienheureux Guerric d’Igny (+ 1157)


Sermons pour l’avent, 2, 1-4


SC 166, 104-116.


 


Voici le Roi qui vient, accourons au-devant de notre Sauveur (texte liturgique). Salomon a fort bien dit: Le messager d’une bonne nouvelle venant d’un pays lointain, c’est de l’eau fraîche pour l’âme assoiffée (Pr 25,25). Oui, c’est un bon messager celui qui annonce l’avènement du Sauveur, la réconciliation du monde, les biens du siècle à venir. Qu’ils sont beaux, les pas de ceux qui annoncent la paix, qui annoncent la bonne nouvelle (Is 52,7).


De tels messagers sont une eau rafraîchissante et une boisson de sagesse salutaire pour l’âme assoiffée de Dieu. En vérité, celui qui lui annonce l’arrivée du Seigneur ou ses autres mystères lui donne à boire les eaux puisées dans la joie aux sources du Sauveur (Is 12,3). Aussi, à celui qui lui porte cette annonce, que ce soit Isaïe ou n’importe quel prophète, cette âme répond, semble-t-il, avec les paroles d’Elisabeth, parce qu’elle était abreuvée au même Esprit: Et comment m’est-il donné que mon Seigneur vienne à moi? Car lorsque la voix de ton annonciation est venue à mes oreilles, mon esprit a bondi de joie (cf. Lc 1,43-44) en moi-même, dans l’enthousiasme d’aller à la rencontre de Dieu son Sauveur. <>


Que notre esprit exulte donc d’une vive allégresse, qu’il accoure au-devant de son Sauveur, qu’il adore et salue celui qui vient de si loin, en l’acclamant par ces paroles: « Viens donc Seigneur, » sauve-moi et je serai sauvé (Jr 17,14). Car c’est toi que nous avons attendu. Sois notre salut au temps de la calamité (Is 33,2). C’est ainsi que les prophètes et les justes allaient, avec tant de désir et d’amour, à la rencontre du Christ qui devait venir, en désirant, si c’était possible, voir de leurs yeux ce que, par avance, ils voyaient en esprit. <>


Nous attendons le jour anniversaire de la Nativité du Christ, dont on nous annonce que nous le verrons bientôt. Et l’Écriture semble exiger de nous une joie telle que l’esprit, s’élevant au-dessus de lui-même, s’empresse d’accourir au-devant du Christ qui vient; il se porte en avant par le désir, il s’efforce, sans tolérer aucun retard, de voir déjà ce qui est encore à venir.


Personnellement, je pense en effet que ce n’est pas seulement à propos du second avènement, mais déjà à propos du premier que tant de textes de l’Écriture nous pressent d’accourir à sa rencontre. Comment cela? demandez-vous. Voici: de même que nous accourrons au-devant du second avènement par un élan et une exultation de notre corps, de même devrons-nous accourir à la rencontre du premier par l’amour et l’exultation de notre coeur. <>


Or, selon le mérite et le zèle de chacun, cet avènement du Seigneur est plus ou moins fréquent pendant le temps qui s’écoule entre le premier avènement et le dernier; il nous rend conformes au premier et nous prépare au dernier. Certes, il vient en nous maintenant pour que le premier ne l’ait pas fait venir en vain, et que lors du dernier avènement il ne vienne pas en étant irrité contre nous.


En cet avènement-ci, il s’efforce de réformer notre esprit plein d’orgueil en le rendant conforme à cet esprit d’humilité qu’il a montré dans sa première venue, afin de pouvoir transformer pareillement nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux (Ph 3,21), celui qu’il nous montrera quand il reviendra une seconde fois. <>


Donc puisque le premier avènement est celui de la grâce, le dernier, celui de la gloire, l’avènement présent est à la fois celui de la grâce et de la gloire; c’est-à-dire qu’il nous permet, par les consolations de la grâce, de goûter déjà d’une certaine façon la gloire future. <> Qu’ils sont heureux ceux dont l’ardente charité a déjà mérité de recevoir ce privilège!


Pour nous, mes frères, qui n’avons pas encore la consolation d’une expérience aussi élevée, pour que nous demeurions patients jusqu’à l’avènement du Seigneur, ayons, en attendant, la consolation d’une foi solide et d’une conscience pure qui nous permettra de dire, avec autant de félicité que de fidélité, comme saint Paul: Je sais en qui j’ai mis ma foi, et je suis sûr qu’il est assez puissant pour garder mon dépôt jusqu’à ce jour-là, c’est-à-dire jusqu’à l’avènement de gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et Sauveur (2Tm 1,12 Tt 2,13), à qui appartient la gloire pour les siècles des siècles. Amen.


 


Lecture patristique


Chaîne d’Or 9139


Sur Luc 1, 39-45



  1. Ambroise. L’ange qui annonçait à Marie des choses aussi mystérieuses, lui donne pour affermir sa foi, l’exemple d’une femme stérile qui était devenue mère. A cette nouvelle, Marie s’en va vers les montagnes de Judée. Quoi donc ? Est-ce qu’elle ne croit point aux paroles de l’ange ? Est-ce qu’elle n’est point certaine de la divinité de son message ? Est-ce qu’elle doute de l’exemple qu’il lui donne ? Non, c’est un saint désir qui la transporte, c’est un sentiment religieux du devoir qui la pousse, c’est une joie divine qui lui inspire cet empressement  » Marie partit et s’en alla dans les montagnes,  » etc. Toute remplie de Dieu qu’elle est, où pourrait-elle diriger ses pas, si ce n’est vers les hauteurs.


Origène. (hom. 7.) Jésus qu’elle portait dans son sein, avait hâte lui-même d’aller sanctifier Jean-Baptiste, qui était encore dans le sein de sa mère :  » Elle s’en alla en toute hâte,  » etc.



  1. Ambroise. La grâce de l’Esprit saint ne connaît ni lenteurs ni délais. Apprenez de la Vierge chrétienne à ne point vous arrêter sur les places publiques et à ne prendre aucune part aux conversations qui s’y tiennent.


Théophyl. Elle va vers les montagnes, parce que c’est là qu’habitait Zacharie :  » En une ville de Juda, et elle entra dans la maison de Zacharie.  »



  1. Ambroise. Apprenez aussi, femmes chrétiennes, les soins empressés que vous devez à vos parentes, lorsqu’elles sont sur le point d’être mères. Voyez Marie, elle vivait seule auparavant dans une profonde retraite, aujourd’hui ni la pudeur naturelle aux vierges ne l’empêche de paraître en public, ni les montagnes escarpées n’arrêtent son zèle, ni la longueur du chemin ne lui fait retarder le bon office qu’elle va rendre à sa cousine. Vierges de Jésus-Christ, apprenez encore quelle fut l’humilité de Marie. Elle vient vers sa parente, elle vient, elle la plus jeune, visiter celle qui est plus âgée, et non seulement elle la prévient, mais elle la salue aussi la première :  » Et elle salue Elisabeth.  » En effet, plus une vierge est chaste, plus aussi son humilité doit être grande, plus elle doit avoir de déférence pour les personnes plus âgées ; celle qui fait profession de chasteté, doit aussi être maîtresse en humilité. Il y a encore ici un motif de charité, le supérieur vient trouver son inférieur pour lui venir en aide, Marie vient visiter Elisabeth, Jésus-Christ, Jean-Baptiste.

  2. Chrysostome. (sur. Matth., hom. 4.) Disons encore que Marie cachait avec soin ce que l’ange lui avait dit, et ne le découvrait à personne ; elle savait qu’on n’ajouterait point foi à un récit aussi merveilleux, et elle craignait qu’il ne lui attirât des outrages, et qu’on ne l’accusât de vouloir ainsi pallier son crime et son déshonneur.


Grec. (Géom., comme précéd.) C’est près d’Elisabeth seule qu’elle va se réfugier ; elle avait coutume d’en agir ainsi à cause de sa parenté qui les unissait, et plus encore à cause de la conformité de leurs sentiments et de leurs mœurs.



  1. Ambroise. Les bienfaits de l’arrivée de Marie et de la présence du Seigneur se font immédiatement sentir :  » Aussitôt qu’Elisabeth eut entendu la voix de Marie qui la saluait, son enfant tressaillit,  » etc. Remarquez ici la différence et la propriété de chacune des paroles de l’auteur sacré. Elisabeth entendit la voix la première, mais Jean ressentit le premier l’effet de la grâce ; elle entendit d’après l’ordre naturel, mais Jean tressaillit par suite d’une action toute mystérieuse ; l’arrivée de Marie se fait sentir à Elisabeth, la venue du Seigneur à Jean-Baptiste.


Grec. (ou Géom., comme précéd.) Le prophète voit et entend plus clairement que sa mère, il salue le prince des prophètes, et au défaut de la parole qui lui manque, il tressaille dans le sein de sa mère (ce qui est le signe le plus expressif de la joie) ; mais qui jamais a ressenti ces tressaillements de la joie avant sa naissance ? La grâce produit, des effets inconnus à la nature : le soldat renfermé dans les entrailles de sa mère reconnaît son Seigneur et son roi dont la naissance app