Le pape François rencontre les jeunes du camp Alpha


« Dieu aime les questions », « plus que les réponses », « parce que les réponses sont fermées, les questions sont ouvertes ». C’est ce qu’a déclaré le pape François à un groupe de jeunes venus le rencontrer vendredi 5 août,


Le pape François a rencontré les jeunes participants au Camp Alpha, vendredi 5 août 2022, dans la Salle Clémentine du Palais apostolique du Vatican. Il a souligné que, même dans une société désormais sécularisée, pour eux aussi qui ont « grandi avec les technologies de l’information », « les grandes questions de tous les temps se posent ».


« Avant de donner des réponses, a affirmé le pape, Jésus nous apprend à nous poser une question essentielle : « Qu’est-ce que je cherche ? ».». Parce qu’ « une personne qui vit de questions est une personne qui a l’habitude d’ouvrir » et non de fermer.


« Dans le cœur humain, la soif d’infini n’est jamais étanchée » : il y a en chacun « une “incomplétude“, un désir de plénitude », a fait observer François. Et Jésus « est cette plénitude » ; il veut pour chacun une plénitude « originale », « unique ». « Dieu ne veut pas de photocopies, seulement des originaux », a conclu le pape en citant le jeune bienheureux Carlo Acutis.


 


Voici notre traduction du discours du pape François.


Chers jeunes, bonjour et bienvenue !


Je remercie Mgr Camillo Cibotti, évêque d’Isernia-Venafro, pour ses paroles et surtout de vous avoir accompagné, avec plusieurs prêtres, éducateurs et responsables d’Alpha, et avec le maire de Macchia d’Isernia, lieu de votre camp. « Accompagner » est un mot clé pour l’Église ! Accompagner.


Pour une journée, vous avez quitté les collines du Molise pour venir à Rome rencontrer le Pape. Je vous en remercie ! Je sens que c’est un cadeau pour moi et pour l’Église.


Vous êtes des jeunes d’Italie et d’autres pays européens. Vous êtes nés dans un contexte considéré comme « sécularisé », c’est-à-dire où la culture n’est pas dominée par la dimension du sacré, mais par les réalités du monde. Toutefois, dans le cœur humain, la soif d’infini n’est jamais étanchée ; même en vous, qui avez grandi avec les technologies de l’information, les grandes questions de tous les temps se posent : d’où venons-nous ? Qu’est-ce qui est à l’origine de tout ? Quel est le sens de mon existence ? Et pourquoi y a-t-il tant de souffrance ? Pourquoi affecte-t-elle même les petits et ceux qui sont sans défense ?… Sachez que Dieu aime les questions, qu’il les aime beaucoup, et d’une certaine manière, il les aime plus que les réponses. Pourquoi ? Mais c’est clair : parce que les réponses sont fermées, les questions sont ouvertes. Une personne qui ne vit que de réponses est une personne qui a l’habitude de fermer, fermer, fermer. Une personne qui vit de questions est une personne qui a l’habitude d’ouvrir, d’ouvrir, d’ouvrir. Et Dieu aime les questions. En effet, Jésus s’est adressé aux deux premiers, qui l’ont suivi un jour sur les rives du Jourdain, avec ces mots : « Que cherchez-vous ? » (Jn 1, 38) : une question. Avant de donner des réponses, Jésus nous apprend à nous poser une question essentielle : « Qu’est-ce que je cherche ? ». Et chacun de nous doit se poser cette question : qu’est-ce que je cherche ? Si quelqu’un se pose cette question, il est jeune, même s’il a quatre-vingts ans. Et s’il ne se la pose pas, il est vieux, même s’il a vingt ans. Êtes-vous d’accord ?


La semaine dernière, j’étais au Canada, et j’ai rencontré les autochtones, dont les ancêtres habitaient ces terres avant la colonisation. Ils sont les gardiens de valeurs et de traditions ancestrales, mais ils vivent dans un pays très moderne, très sécularisé. Maintenant, en vous regardant, je pensais à la jeunesse de ces peuples indigènes. Si différents de vous, et pourtant si semblables, je dirais même plus : si égaux. Égaux au sens de l’humanité, de ce qui qualifie notre être humain, c’est-à-dire notre relation avec Dieu, avec les autres, avec la création et avec nous-mêmes dans la liberté, dans la gratuité, dans le don de soi. Cette relation exprime une « incomplétude », un désir de plénitude, plénitude de vie, de joie, de sens. Voilà, Jésus-Christ est la plénitude : nous sommes tous inachevés, nous sommes en route, en chemin. Et nous devons en être conscients.


C’est pourquoi, il y a quelques années, j’ai écrit une longue lettre aux jeunes du monde, qui commençait ainsi : « Il vit, le Christ, notre espérance et il est la plus belle jeunesse de ce monde. Tout ce qu’il touche devient jeune, devient nouveau, se remplit de vie. […] Il vit et il te veut vivant ! Il est en toi, il est avec toi et jamais ne t’abandonne. Tu as beau t’éloigner, le Ressuscité est là, t’appelant et t’attendant pour recommencer. Quand tu te sens vieilli par la tristesse, des rancœurs, les peurs, les doutes ou les échecs, Il sera toujours là pour te redonner force et espérance » (Exhortation apostolique Christus vivit, 1-2).


C’était vrai pour André et Jean, pour Simon et Jacques, qui sont devenus disciples et apôtres de Jésus. Et c’est vrai pour moi, qui ai entendu l’appel un certain jour, à l’âge de dix-sept ans. Et c’est vrai pour toi, pour toi, pour chacun d’entre nous, pour vous, les jeunes de l’ère Internet. Jésus reste toujours le début et la fin, l’alpha et l’oméga. Mais ouverts, en chemin, toujours. Pas fermés.


Votre camp s’appelle « Alpha », comme la méthode d’évangélisation dont il s’inspire. Alpha est synonyme de naissance, de début, d’aube de la vie… Le Christ est l’Alpha, c’est-à-dire le début, et il est aussi l’Oméga, c’est-à-dire la fin, l’accomplissement, la plénitude. Ainsi, avec le Christ, ce microcosme qu’est l’être humain peut être sauvé de l’abîme de la mort et du négatif et peut entrer dans l’attraction de Dieu, le Dieu de la vie, le Dieu de l’amour. Uni à Jésus, chacun de nous devient une graine destinée à germer, à pousser et à porter du fruit. Mais nous devons le suivre ! Dites non à l’égoïsme, dites non à l’égocentrisme, dites non au fait de paraître plus que ce que nous sommes. Non. Savoir dire non à toute fermeture. Être soi-même et ne pas se gonfler, ne pas se rabaisser, se reconnaître tel que l’on est, voilà la véritable humilité. Et devant le mal qui est en nous et autour de nous, ne fuyez pas, ne vous dérobez pas à la réalité, ne vous refermez pas sur vous-même, mais que chacun prenne sa part de responsabilité – Jésus dit « croix » – et la porte, avec amour, avec joie. Pas seul, non, ce n’est pas possible : toujours avec Jésus, Lui devant et nous derrière.


Cela nous donne la paix, nous donne la sécurité : nous sommes avec Lui, qui nous connaît et nous aime plus que nous-mêmes, et qui veut pour chacun de nous une plénitude originale, une plénitude unique à chacun. Dieu ne veut pas de photocopies, seulement des originaux. Vous savez qui aimait dire ça ? Un jeune homme, le bienheureux Carlo Acutis. Un Italien, né en Angleterre et élevé à Milan, comme vous, un enfant de ce temps, un passionné d’informatique, mais surtout un amoureux de Jésus, de l’Eucharistie, qu’il appelait « l’autoroute du ciel ». La vie terrestre de Carlo a été courte, très courte, mais elle a été bien remplie. C’était comme une course, une course vers le paradis. Il a pris son élan le jour de sa première communion, lorsqu’il a rencontré Jésus dans son corps et dans son sang. Oui, parce que Jésus n’est pas une idée ou une règle morale, non, Jésus est une personne, un ami, un compagnon de route.


Chers jeunes, je vous laisse avec cette chaleur et ce souhait : que Jésus devienne votre grand ami, votre compagnon de route. Que Jésus vivant devienne votre vie ! Tous les jours et pour toujours. Et je reprends à mon compte la maxime de Carlo Acutis : ne soyez pas des photocopies, chacun de vous est original !


Merci d’être venu ! Bon camp et bonne route !


© Traduction de Zenit


 


 


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