Le « curé de Nazareth » s’est éteint


Usé par la maladie, le P. Émile Shoufani s’est éteint ce dimanche 18 février 2024 à l’âge de 76 ans. Il est le symbole du dialogue entre juifs et arabes de Terre sainte. Ses obsèques ont été célébrées lundi 19 février à Nazareth.


Surnommé le « curé de Nazareth », le P. Shoufani était archimandrite de l’Église grecque-catholique melkite de Terre sainte. Théologien et éducateur chrétien arabe, de nationalité israélienne, il a œuvré toute sa vie pour la paix dans son pays.


Né en 1947 à Nazareth, Émile Shoufani a été expulsé l’année suivante de son village par les Israéliens qui ont tué, tour à tour, son jeune oncle de 17 ans et son grand-père, alors qu’ils étaient sur la route de l’exil en direction du Liban. Malgré la perte de son fils et de son mari, la grand-mère d’Émile Shoufani n’a eu de cesse de lui inculquer l’importance du pardon.


« Pour elle », a-t-il confié à RCF, la question du pardon était fondamentale, « Cette réalité du pardon, d’une pacification du regard et du cœur devait être plus forte que toute attitude de haine et de vengeance. Ma grand-mère avait une foi extraordinaire, la foi d’une femme paysanne, terre à terre, devant la réalité de la mort de son fils et de son mari. »


Le curé de Nazareth a principalement basé son action sur l’éducation de la jeunesse. Il a été le premier à enseigner la Shoah dans une école arabe au collège Saint-Joseph de Nazareth. Après la deuxième Intifada, il a réussi à emmener 500 juifs et arabes à Auschwitz, afin que les arabes israéliens découvrent la réalité de la Shoah.


« Je ne suis pas palestinien d’Israël ou de 1948 (création de l’État d’Israël), ou de je ne sais quoi d’autre. Je suis israélien », déclarait le père Emile Shoufani à Terre Sainte Magazine en 2019, « J’ai compris qu’on ne peut pas entrer en dialogue avec le peuple juif si on ne connaît pas son histoire ». 


Son action inlassable a été largement reconnue. En Israël, il a reçu le titre honorifique de Docteur Honoris causa de l’Université hébraïque de Jérusalem, de même en Belgique par l’Université catholique de Louvain, après son voyage à Auschwitz-Birkenau. En 2003, il a reçu le prix de l’Unesco de L’éducation pour la paix, et en 2014 à Paris, le prix de l’Amitié judéo-chrétienne de France.


 


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