Les enfants n’appartiennent pas à l’État
Quand bien même cette décision aurait-elle la moindre pertinence technique, elle ne serait pas acceptable pour autant, car elle atteint directement une liberté fondamentale : la liberté éducative des parents. Les enfants n’appartiennent pas à l’État, les enfants n’entrent pas en société à l’école, ils entrent en société dans leur famille, dès le jour de leur naissance, et leurs parents sont leurs premiers éducateurs. S’ils souhaitent les instruire eux-mêmes, rien sur le principe ne devrait pouvoir les en empêcher. Face à l’abus de pouvoir, il ne faut jamais se laisser faire.
Le paradoxe est que cet État qui se veut tout-puissant est incapable d’assurer ses missions de base, de nous préserver des grands malheurs publics, par exemple de défendre nos emplois face à la mondialisation financière ou encore d’assurer suffisamment notre sécurité. Et en matière éducative, le résultat n’est pas brillant : il suffit de constater la faillite de l’instruction publique d’État. D’une certaine manière, c’est bien plutôt à l’État qu’il faudrait interdire de faire l’école…
La toute-puissance de l’État se radicalise
Nous vivons un temps de radicalisation de la toute-puissance de l’État. Parler de résistance devient ainsi de plus en plus nécessaire. Le philosophe Martin Steffens présente son dernier ouvrage, Marcher la nuit (éditions DDB), comme « des textes de résistance et de patience ». Dans son prologue, il met en garde : « L’État, attirant à lui toutes choses, ressemblerait bientôt à ce monstre auquel Hobbes donna le nom biblique de “Léviathan”. Le Léviathan, ce n’est pas un ensemble complexe d’institutions qui organise la société civile. C’est une dynamique de destruction de tous les corps intermédiaires, afin d’agréger au seul corps étatique l’ensemble des individus (“individus”, car alors on ne peut plus parler de “citoyens”) ».
Et dans un entretien donné à Radio Espérance, il ajoute : « Le plus grand service que l’on peut rendre à l’État moderne, c’est de le limiter dans sa puissance folle. Il faut vraiment prendre garde que cet État-Léviathan ne rentre pas trop dans nos maisons. […] Moins nous sommes citoyens, plus l’État se permet de faire de nous des sujets passifs. Résister c’est notre état naturel, comme l’état naturel de notre organisme est de résister à des millions de microbes ». Dans ce contexte de dérive autoritaire de l’État, résister n’est pas seulement un droit dont on peut se prévaloir, mais un devoir civique.
Chronique publiée en partenariat avec Radio Espérance, 7 octobre 2020.