« Proximité, compassion et tendresse »

« Proximité, compassion et tendresse »

Discours du pape François aux membres de l’Association des oto-rhino-laryngologistes des hôpitaux italiens et de la Fédération italienne des médecins pédiatres


La salle Paul VI de la Cité du Vatican a accueilli des oto-rhino-laryngologistes et des pédiatres italiens, ainsi que leurs familles, pour une audience spéciale avec le pape.


 Je suis heureux de vous rencontrer, en tant que membres de la Fédération italienne de pédiatrie et de l’Association italienne des oto-rhino-laryngologistes hospitaliers, et de vous exprimer ma reconnaissance pour votre travail quotidien. En effet, dans vos différentes spécialités, vous avez choisi de travailler au service des personnes qui ont besoin de soins. C’est très beau.


Les pédiatres, en particulier, sont des référents pour les jeunes couples. Vous les aidez dans leur tâche d’accompagnement des enfants qui grandissent. Les enfants sont toujours un don et une bénédiction du Seigneur : dans les psaumes, on trouve cette belle image de la famille réunie autour de la table avec ses enfants « comme des pousses d’olivier » (Ps 128, 3). L’Italie est malheureusement un pays vieillissant : espérons que la tendance s’inversera, en créant des conditions favorables pour que les jeunes aient davantage confiance et redécouvrent la valeur et la joie d’être parents. Je ne devrais peut-être pas le dire, mais je le fais : aujourd’hui, les gens préfèrent avoir un chiot plutôt qu’un enfant. Votre profession est très riche mais celle des vétérinaires est en pleine expansion ! Et ce n’est pas bon signe.



Vous, médecins ORL, prenez soin de certains organes qui sont indispensables à nos échanges et nous permettent de rester en contact avec les autres et avec la communauté. Dans l’Évangile, nous voyons Jésus s’approcher de personnes sourdes, muettes, vivant dans la solitude et l’isolement. Et nous voyons qu’en les guérissant, il accomplit un geste particulier et prononce des paroles spécifiques. Je crois que ces gestes et ces paroles peuvent vous inspirer, parce qu’ils révèlent la compassion et la tendresse de Dieu pour nous, en particulier pour ceux qui éprouvent des difficultés relationnelles.


Avec les nombreux professionnels de la santé, vous êtes l’un des piliers du pays. Le souvenir de la pandémie est encore brûlant : sans le dévouement, le sacrifice et l’engagement des professionnels de la santé, de nombreuses autres vies auraient été sacrifiées. Trois ans plus tard, la situation sanitaire en Italie traverse une nouvelle phase critique qui semble devenir structurelle. Le manque constant de personnel entraîne une charge de travail ingérable et, par conséquent, une fuite des professionnels de la santé. La crise économique persistante affecte la qualité de vie des patients et des médecins : combien de diagnostics précoces ne sont pas posés, combien de personnes renoncent à un traitement, combien de médecins et d’infirmières, découragés et fatigués, abandonnent leur profession ou préfèrent aller travailler à l’étranger ?



Ce sont là quelques-uns des facteurs qui compromettent l’exercice du droit à la santé, qui fait partie de l’héritage de la doctrine sociale de l’Église et qui est inscrit dans la Constitution italienne en tant que droit de la personne, c’est-à-dire de tout le monde – personne n’est exclu – en particulier des plus faibles, et en tant qu’intérêt communautaire, car la santé est un bien commun. Le système italien de santé publique repose sur les principes d’universalité, d’équité et de solidarité, qui risquent aujourd’hui de ne pas être appliqués. Préservez ce système, qui est un système populaire dans le sens du service au peuple, et ne tombez pas dans l’idée peut-être trop efficace – certains disent « moderne » – uniquement la médecine prépayée ou la médecine payée et puis rien d’autre. Non ! Ce système doit être soigné, il doit être développé, parce qu’il s’agit d’un système au service de la population.


Ensuite, deux autres phénomènes opposés et tout aussi dangereux se répandent : d’une part, la recherche de la santé à tout prix, l’utopie de l’élimination de la maladie, en supprimant l’expérience quotidienne de la vulnérabilité et de la limitation ; d’autre part, l’abandon des plus faibles et des plus fragiles avec, dans certains cas, la proposition de la mort comme seule issue.



Mais une médecine qui renonce aux soins et se retranche derrière des procédures déshumanisantes et déshumanisées n’est plus l’art de guérir. Au contraire, nous devons nous approcher des malades avec l’attitude du Bon Samaritain (cf. Lc 10, 25-37), qui ne détourne pas le regard, mais se penche sur l’homme blessé et soulage leurs souffrances, sans poser de questions, sans laisser son cœur et son esprit se fermer par des préjugés, sans penser à son propre intérêt. Cette parabole de l’Évangile vous aidera à toujours regarder le visage des patients, petits et grands : à les accueillir et à leur donner de l’espoir, à écouter leurs histoires, à les soutenir dans les moments difficiles. Le mot clé est la compassion, qui n’est pas la pitié, non, la compassion, c’est souffrir avec. C’est un outil de diagnostic irremplaçable. Après tout, Jésus est le médecin par excellence, n’est-ce pas ? 


Il y a trois caractéristiques de Dieu qui nous aident toujours à avancer : la proximité, la compassion et la tendresse. J’aime à penser que nous tous, soignants – nous, soignants de la santé spirituelle, vous, de la santé physique ainsi que psychique et spirituelle en partie – devons adopter ces trois attitudes : proximité, compassion et tendresse. Et cela aide beaucoup, cela construit la société. C’est ce que je vous souhaite : soyez proches, compatissants et tendres.



Dernière chose : ceux qui sont appelés à prendre soin des autres ne doivent pas négliger de prendre soin d’eux-mêmes. Ces dernières années, la résistance des médecins, des infirmières et des professionnels de la santé a été mise à l’épreuve. Des interventions sont nécessaires pour rendre votre travail digne et promouvoir les meilleures conditions pour qu’il soit effectué de la manière la plus efficace. Vous êtes souvent des victimes !


Je vous remercie également pour votre engagement associatif  : c’est important. J’encourage les jeunes à s’engager dans cette voie professionnelle, qui est une manière exigeante de travailler en s’occupant des autres.


Chers frères et sœurs, que l’intercession maternelle de la Vierge Marie vous accompagne. Je vous bénis du fond du cœur, ainsi que vos familles. Et n’oubliez pas de prier pour moi. Je vous remercie.


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