« Prier avec Jésus sur le chemin de croix »


Introduction

Seigneur Jésus, nous regardons ta croix et nous comprenons que tu as tout donné pour nous. Nous te consacrons ce temps. Nous voulons le passer près de toi qui, de Gethsémani au Calvaire, as prié. En cette Année de la prière, nous nous unissons à ton chemin de prière.


De l’Évangile selon saint Marc (14, 32-37)


Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémani. […] Puis il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commence à ressentir frayeur et angoisse. Il leur dit : “[…] Restez ici et veillez”. Allant un peu plus loin, il tombait à terre et priait […] : “Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux !”. Puis il revient et trouve les disciples endormis. Il dit à Pierre : “[…] Tu n’as pas eu la force de veiller seulement une heure ?”


Seigneur, tu as préparé par la prière chacune de tes journées et maintenant, à Gethsémani, tu prépares la Pâque. Abba ! Père ! Tout est possible pour toi – dis-tu – parce que la prière est avant tout dialogue et intimité ; mais elle est aussi lutte et demande : Éloigne de moi cette coupe ! Et elle est confiance et don : Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux. Ainsi, tu es entré en prière par la porte étroite de notre souffrance et tu l’as franchie jusqu’au bout. Tu as ressenti « peur et angoisse » (Mc 14, 33) : peur face à la mort, angoisse sous le poids de notre péché que tu as pris sur toi, alors qu’une amertume infinie t’envahissait. Mais, en plein combat, tu as prié « plus intensément » (Lc 22, 44) : tu as ainsi transformé la véhémence de la douleur en offrande d’amour.


Tu nous as demandé une seule chose : rester avec toi, veiller. Tu ne nous demandes pas l’impossible, mais la proximité. Et pourtant, combien de fois je me suis éloigné de toi ! Combien de fois, comme les disciples, au lieu de veiller j’ai dormi, combien de fois n’ai-je pas eu le temps ou l’envie de prier, parce que j’étais fatigué, anesthésié par le confort, l’âme endormie. Jésus, répète-moi encore, à nous ton Église : « Levez-vous et priez » (Lc 22, 46). Réveille-nous, Seigneur, sors-nous de la torpeur du cœur, car aujourd’hui encore, aujourd’hui surtout, tu as besoin de notre prière.


 


1. Jésus est condamné à mort

Alors, s’étant levé, le grand prêtre, devant tous, interrogea Jésus : “Tu ne réponds rien ? Que dis-tu des témoignages qu’ils portent contre toi ?”. Mais lui gardait le silence et ne répondait rien. […] Pilate lui demanda à nouveau : “Tu ne réponds rien ? Vois toutes les accusations qu’ils portent contre toi”. Mais Jésus ne répondit plus rien, si bien que Pilate fut étonné (Mc 14, 60-61 ; 15, 4-5).


Jésus, tu es la vie et tu es condamné à mort ; tu es la vérité et tu subis un faux procès. Mais pourquoi ne te plains-tu pas ? Pourquoi n’élèves-tu pas la voix et n’expliques-tu pas tes raisons ? Pourquoi ne réfutes-tu pas les savants et les puissants comme tu l’as toujours fait avec succès ? Ta réaction étonne, Jésus : au moment décisif, tu ne parles pas, tu te tais. Parce que plus le mal est fort, plus ta réponse est radicale. Et ta réponse est le silence. Mais ton silence est fécond : il est prière, il est douceur, il est pardon, il est chemin pour remédier au mal, pour convertir ce que tu souffres en un don que tu offres.


Jésus, je m’aperçois que je te connais peu parce que je ne connais pas assez ton silence ; parce que dans la frénésie de courir et de faire, absorbé par les choses, pris de peur de ne pas rester à flot ou par la manie me mettre au centre, je ne trouve pas le temps de m’arrêter et de rester avec toi pour te laisser agir, Parole du Père qui œuvre dans le silence. Jésus, ton silence me secoue : il m’enseigne que la prière ne naît pas des lèvres qui remuent, mais d’un cœur qui sait être à l’écoute : parce que prier c’est se rendre docile à ta Parole, c’est adorer ta présence.


Prions en disant : Parle à mon cœur, Jésus


Toi qui réponds au mal par le bien Parle à mon cœur, Jésus

Toi qui éteins l’agitation par la douceur Parle à mon cœur, Jésus

Toi qui détestes les bavardages et les plaints Parle à mon cœur, Jésus


Toi qui me connais au plus profond Parle à mon cœur, Jésus


Toi qui m’aimes plus que moi-même Parle à mon cœur, Jésus


2. Jésus est chargé de la croix


Lui-même a porté nos péchés, 


dans son corps, sur le bois, 


afin que, morts à nos péchés, 


nous vivions pour la justice.


Par ses blessures, nous sommes guéris. (1 P 2, 24).


Jésus, nous portons nous aussi des croix, parfois très lourdes : une maladie, un accident, la mort d’un être cher, une déception affective, un enfant en perdition, le travail qui manque, une blessure intérieure qui ne guérit pas, l’échec d’un projet, une énième attente qui ne donne rien… Jésus, comment fait-on pour prier dans ces cas ? Comment faire quand je me sens écrasé par la vie, quand un poids me pèse sur le cœur, quand je suis sous pression et que je n’ai plus la force de réagir ? Ta réponse se trouve dans une proposition : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai le repos » (Mt 11, 28). Venir à toi ! Moi, au contraire, je me referme en moi-même : je rumine, je ressasse, je pleure sur moi, je m’enfonce dans la victimisation, championne de négativité.


Venez à moi : nous le dire n’a pas suffi, alors voici que tu viens à nous et que tu portes notre croix sur tes épaules, pour nous en ôter le poids. C’est ce que tu veux : que nous te confions nos peines et nos tourments, car tu veux que nous nous sentions libres et aimés de toi. Merci, Jésus. J’unis ma croix à la tienne, je t’apporte mes fatigues et mes misères, je jette en toi tous les fardeaux de mon cœur.


Prions en disant : Je viens à toi, Seigneur


Avec mon histoire Je viens à toi, Seigneur


Avec mes peines Je viens à toi, Seigneur


Avec mes limites et mes fragilités Je viens à toi, Seigneur


Avec mes peurs Je viens à toi, Seigneur


En plaçant toute ma confiance dans ton amour Je viens à toi, Seigneur


3. Jésus tombe pour la première fois


Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. (Jn 12, 24)


Jésus, tu es tombé : à quoi penses-tu, comment pries-tu, le visage dans la poussière ? Et surtout, qu’est-ce qui te donne la force de te relever ? Alors que tu es face contre terre et que tu ne vois plus le ciel, je t’imagine répétant dans ton cœur : Père, qui es aux cieux. Le regard aimant du Père qui se pose sur toi est ta force. Mais j’imagine aussi qu’en embrassant la terre sèche et froide, tu penses à l’homme, tiré de la terre, à nous, qui sommes au centre de ton cœur, et que tu répètes les paroles de ton testament : « Ceci est mon corps, donné pour vous » (Lc 22, 19). L’amour du Père pour toi et le tien pour nous : l’amour, c’est le ressort qui te fait te relever et avancer. Car celui qui aime ne reste pas à terre, il repart ; celui qui aime ne se fatigue pas, il court ; celui qui aime vole. Jésus, je te demande toujours beaucoup de choses, mais je n’ai besoin que d’une seule : savoir aimer. Je tomberai dans la vie, mais, avec l’amour, je pourrai me relever et avancer, comme tu l’as fait, toi qui es expert en chutes. Ta vie, en effet, a été une chute continuelle vers nous : de Dieu à l’homme, de l’homme au serviteur, du serviteur au crucifié, jusqu’au tombeau. Tu es tombé en terre comme une graine qui meurt, tu es tombé pour nous relever de la terre et nous emmener au ciel. Toi qui relèves de la poussière et fais renaître l’espérance, donne-moi la force d’aimer et de recommencer.


Prions en disant : Jésus, donne-moi la force d’aimer et de recommencer


Quand la déception l’emporte Jésus, donne-moi la force d’aimer et de


recommencer


Quand les jugements des autres Jésus, donne-moi la force d’aimer et de


s’abattent sur moi recommencer


Quand les choses ne vont pas Jésus, donne-moi la force d’aimer et de


et que je deviens impatient recommencer


Quand je sens que je n’y arrive plus Jésus, donne-moi la force d’aimer et de


recommencer


Quand je suis accablé par l’idée Jésus, donne-moi la force d’aimer et de


que rien ne changera recommencer


4. Jésus rencontre sa mère


Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit […] au disciple : “Voici ta mère”. Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui (Jn 19, 26-27).


Jésus, les tiens t’ont abandonné, Judas t’a trahi, Pierre t’a renié : tu es resté seul avec la croix. Mais voici ta mère. Pas besoin de mots, ses yeux suffisent qui savent regarder en face la souffrance et s’en charger. Jésus, dans le regard plein de larmes et de lumière de Marie, tu te souviens de la tendresse, des caresses, des bras aimants qui t’ont toujours accueilli et soutenu. Le regard maternel est le regard de la mémoire, qui nous enracine dans le bien. On ne peut pas se passer d’une mère qui nous met au monde, ni d’une mère qui nous remet à notre place dans le monde. Tu le sais, et de la croix tu nous donnes ta propre mère. Tu le dis au disciple, à chacun de nous : Voici ta mère. Après l’Eucharistie, tu nous donnes Marie, don ultime avant de mourir. Jésus, ton chemin a été réconforté par le souvenir de son amour ; mon chemin aussi a besoin de s’enraciner dans le souvenir du bien. Mais je m’aperçois que ma prière est pauvre en souvenirs : rapide, expéditive, une liste de besoins pour aujourd’hui et demain. Marie, arrête ma course, aide-moi à faire mémoire, à conserver la grâce, à me rappeler le pardon et les prodiges de Dieu, à raviver le premier amour, à savourer de nouveau les merveilles de la providence, à pleurer de gratitude.


Prions en disant : Seigneur, ravive en moi le souvenir de ton amour


Quand les blessures du passé resurgissent Seigneur, ravive en moi le souvenir de ton amour


Quand je perds le sens et le fil des choses Seigneur, ravive en moi le souvenir de ton amour


Quand je perds de vue les dons que j’ai reçus Seigneur, il ravive en moi le souvenir de ton amour


Quand je perds de vue le don que je suis Seigneur, il ravive en moi le souvenir de


ton amour


Quand j’oublie de te remercier Seigneur, ravive en moi le souvenir de ton amour


5. Jésus est aidé par le Cyrénéen


Comme [les soldats] l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus (Lc 23, 26).


Jésus, combien de fois, face aux défis de la vie, nous imaginons que nous y arriverons tout seuls ! Comme il est difficile de demander de l’aide, de peur de donner l’impression de ne pas être à la hauteur, nous qui sommes toujours attentifs à paraître et à nous faire remarquer ! Il n’est pas facile de faire confiance, encore moins de se confier. Mais celui qui prie sait qu’il est dans le besoin et toi, Jésus, tu es habitué à te confier dans la prière. Ainsi tu ne dédaignes pas l’aide du Cyrénéen. Tu lui exposes tes fragilités, à lui un homme simple, un paysan du retour des champs. Merci parce que, en te faisant soutenir dans le besoin, tu effaces l’image d’un dieu invulnérable et distant. Ton pouvoir est sans limites, mais tu es invincible en amour, et tu nous enseignes qu’aimer c’est secourir les autres précisément là, dans les faiblesses dont ils ont honte. Alors les fragilités deviennent des opportunités. Cela est arrivé au Cyrénéen : ta faiblesse a changé sa vie et il se souviendra, un jour, avoir secouru son Sauveur, avoir été racheté par cette croix qu’il a portée. Pour que ma vie change aussi, je te prie, Jésus : aide-moi à baisser les défenses et à me laisser aimer par toi : là, où j’ai le plus honte de moi.


Prions en disant : Guéris-moi, Jésus !


De toute présomption d’autosuffisance Guéris-moi, Jésus !


De penser y arriver sans toi et sans les autres Guéris-moi, Jésus !


De la manie du perfectionnisme Guéris-moi, Jésus !


De la réticence à te confier mes misères Guéris-moi, Jésus !


D’esquiver les nécessiteux que je rencontre 


en chemin Guéris-moi, Jésus !


6. Jésus reçoit le réconfort de Véronique qui lui essuie la face


Béni soit Dieu, […] le Père plein de tendresse, le Dieu de qui vient tout réconfort. Dans toutes nos détresses, il nous réconforte ; ainsi, nous pouvons réconforter tous ceux qui sont dans la détresse […]. En effet, de même que nous avons largement part aux souffrances du Christ, de même, par le Christ, nous sommes largement réconfortés (2 Co 1, 3-5) 


Jésus, beaucoup suivent le spectacle barbare de ton exécution et, sans te connaître et sans connaître la vérité, émettent des jugements et des condamnations, jetant sur toi infamie et mépris. Cela arrive encore aujourd’hui, Seigneur, et un cortège macabre n’est même pas nécessaire : il suffit d’un clavier pour insulter et publier des sentences. Mais, pendant que beaucoup crient et jugent, une femme se fraye un chemin au milieu de la foule. Elle ne parle pas : elle agit. Elle n’invective pas : elle s’apitoie. Elle va à contre-courant : seule, avec le courage de la compassion, elle risque par amour, elle trouve le moyen de passer parmi les soldats juste pour donner à ton visage le réconfort d’une caresse. Son geste passera à l’histoire et c’est un geste de consolation. Combien de fois j’invoque de toi la consolation, Jésus ! Mais Véronique me rappelle que toi aussi tu en as besoin : toi, Dieu proche, tu demandes ma proximité ; toi, mon consolateur, tu veux être consolé par moi. Amour non aimé, aujourd’hui encore tu cherches parmi la foule des cœurs sensibles à ta souffrance, à ta douleur. Tu cherches de vrais adorateurs, qui, en esprit et en vérité (cf. Jn 4, 23), restent avec toi (cf. Jn 15),


Amour abandonné. Jésus, allume en moi le désir d’être avec toi, de t’adorer et de te consoler. Et fais que, en ton nom, je sois consolation pour les autres.


Prions en disant : Rends-moi témoin de ta consolation


Dieu de miséricorde, proche de celui 


qui a le cœur blessé Rends-moi témoin de ta consolation


Dieu de tendresse, qui t’émeus pour nous Rends-moi témoin de ta consolation


Dieu de compassion, toi qui détestes


l’indifférence Rends-moi témoin de ta consolation


Toi qui es triste quand je pointe du doigt


les autres Rends-moi témoin de ta consolation


Toi qui n’es pas venu condamner mais sauver Rends-moi témoin de ta consolation


7. Jésus tombe encore sous le poids de la croix


Alors il rentra en lui-même et se dit : […] “Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi”. Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : “Père, j’ai péché […]. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.” Mais le père […] : “ mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” (Lc 15, 17-18.20-22.24).


Jésus, la croix est lourde : elle porte le poids de la défaite, de l’échec, de l’humiliation. Je le comprends quand je me sens écrasé par les choses, tourmenté par la vie et incompris des autres ; quand je ressens le poids excessif et stressant de la responsabilité et du travail, quand je suis oppressé par l’étau de l’anxiété, assailli par la mélancolie alors qu’une pensée étouffante me répète : tu ne t’en sortiras pas, cette fois tu ne te relèveras pas. Mais il y a pire. Je m’aperçois que je touche le fond quand je replonge : quand je retombe dans mes erreurs, dans mes péchés, quand je me scandalise des autres et que je m’aperçois que je ne suis pas différent. Il n’y a rien de pire que d’être déçu de soi, écrasé par la culpabilité. Mais toi, Jésus, tu es tombé plusieurs fois sous le poids de la croix pour être près de moi quand je retombe. Avec toi, l’espérance ne finit jamais, je remonte après chaque chute, car lorsque je me trompe, tu ne te lasses pas de moi mais tu te rapproches davantage de moi. Merci de m’attendre ; merci de me pardonner infiniment, toujours, lorsque sans cesse je rechute. Rappelle-moi que les chutes peuvent devenir des moments cruciaux du chemin parce qu’elles me font comprendre la seule chose qui compte : que j’ai besoin de toi. Jésus, inscris dans mon cœur la certitude la plus importante : je ne me relève vraiment que lorsque tu me relèves, lorsque tu me délivres des péchés. Car la vie ne repart pas de mes paroles, mais de ton pardon.


Prions en disant : Relève-moi, Jésus !


Quand, paralysé par la méfiance, 


’éprouve tristesse et découragement Relève-moi, Jésus !


Quand je vois mon insuffisance 


et je me sens inutile Relève-moi, Jésus !


Quand dominent la honte et la peur


de ne pas y arriver Relève-moi, Jésus !


Quand je suis tenté de perdre espérance Relève-moi, Jésus !


Quand j’oublie que ma force réside


dans ton pardon Relève-moi, Jésus !


8. Jésus rencontre les femmes de Jérusalem


Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus (Lc 23, 27).


Jésus, qui est-ce qui te suit jusqu’au bout sur le chemin de la croix ? Non pas les puissants qui t’attendent sur le Calvaire, non pas les spectateurs qui restent au loin, mais les personnes simples, grandes à tes yeux et petites aux yeux du monde. Ce sont les femmes auxquelles tu as donné de l’espérance. Elles n’ont pas de voix mais elles se font entendre. Aide-nous à reconnaître la grandeur des femmes, elles qui, à Pâques, ont été fidèles et proches de toi mais qui sont encore aujourd’hui rejetées et subissent outrages et violences. Jésus, les femmes que tu rencontres se frappent la poitrine et pleurent sur toi. Elles ne pleurent pas sur elles-mêmes, mais elles pleurent sur toi, elles pleurent sur le mal et sur le péché du monde. Leur prière faite de larmes arrive à ton cœur. Et ma prière, sait-elle pleurer ? Est-ce que je m’émeus devant toi, crucifié pour moi, devant ton amour doux et blessé ? Est- ce que je pleure mes faussetés et mon inconstance ? Face aux tragédies du monde mon cœur est-il de glace, ou bien fond-il ? Comment est-ce que je réagis à la folie de la guerre, aux visages d’enfants qui ne savent plus sourire, aux mères qui les voient sous-alimentés et affamés et qui n’ont plus de larmes à verser ? Toi, Jésus, tu as pleuré sur Jérusalem, tu as pleuré sur la dureté de notre cœur. Secoue-moi à l’intérieur, donne-moi la grâce de pleurer en priant et de prier en pleurant.


Prions en disant : Jésus, attendris mon cœur endurci


Toi qui connais les secrets du cœur Jésus, attendris mon cœur endurci


Toi qui t’attristes devant la dureté des âmes Jésus, attendris mon cœur endurci


Toi qui aimes les cœurs humbles et contrits Jésus, attendris mon cœur endurci


Toi qui as essuyé avec le pardon les larmes


de Pierre Jésus, attendris mon cœur endurci


Toi qui transformes les pleurs en chant Jésus, attendris mon cœur endurci


9. Jésus est dépouillé de ses vêtements


“Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? Tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? Tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? Tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? Tu étais nu, et nous t’avons habillé ? Tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?” […] Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” (Mt 25, 37-40).


Jésus, ce sont les paroles que tu as dites avant la Passion. Je comprends maintenant ton insistance à t’identifier aux nécessiteux : tu as été emprisonné ; tu es étranger, conduit hors de la ville pour être crucifié ; tu es nu, dépouillé des vêtements ; tu es malade et blessé ; tu es assoiffé sur la croix et affamé d’amour. Fais que je te voie dans les personnes souffrantes et que je voie les personnes souffrantes en toi, parce que tu es là, en celui qui est dépouillé de sa dignité, dans les christs humiliés par la domination et l’injustice, par les gains injustes faits sur la peau des autres dans l’indifférence générale. Je te regarde, Jésus, dépouillé de tes vêtements, et je comprends que tu m’invites à me dépouiller de nombre d’extériorités. Car tu ne regardes pas les apparences, mais le cœur. T