Terre Sainte : le pape François invite à « raconter la fraternité possible » (traduction complète)


« Raconter la fraternité possible » : c’est la tâche que le pape François a confiée aux représentants de la rédaction de la revue « Terre Sainte Magazine », en cette époque « des réseaux sociaux » où, a-t-il déclaré, la communication « doit aider à construire la communauté, mieux encore, la fraternité ».


Le pape François a reçu en audience la délégation de la Custodie de Terre Sainte à l’occasion du centenaire de la revue « Terre Sainte Magazine », lundi 17 juin 2022, dans la Salle Clémentine du Palais apostolique du Vatican. La revue, a souligné le pape, raconte le « Cinquième Evangile », c’est-à-dire « l’environnement historique et géographique dans lequel la Parole de Dieu s’est révélée » mais aussi « les personnes qui y habitent aujourd’hui ».


Pour le pape, il s’agit de « raconter la fraternité possible » entre « les chrétiens d’Eglises et de confessions malheureusement encore séparées » mais souvent « en Terre Sainte, déjà proches de l’unité » ; la fraternité possible entre « tous les enfants d’Abraham, juifs, chrétiens et musulmans », et aussi celle « qui s’ouvre aux migrants, aux déplacés et aux réfugiés, pour leur rendre la dignité dont ils ont été privés ».


Le pape François a remercié en particulier la délégation de visiter « les réalités plus difficiles et souffrantes comme la Syrie, le Liban, la Palestine et Gaza ». Il a rappelé que le mystère pascal « éclaire et donne aussi un sens à l’histoire d’aujourd’hui », marquée par « des blessures et des conflits ». Et il a fait observer que raconter la Terre Sainte d’aujourd’hui, c’est aussi raconter le « “Cinquième Evangile“, celui que Dieu continue d’écrire dans l’histoire ».


Voici notre traduction du discours prononcé par le pape François.


 


Discours du pape François (Texte intégral)


Chers frères et sœurs, bonjour !


[Excusez-moi si je reste assis, mais aujourd’hui j’ai mal à la jambe, qui… Cela me fait mal, mal si je reste debout. C’est mieux ainsi pour moi.]

Je vous souhaite la bienvenue à l’occasion des cent ans de la revue « Terre Sainte Magazine ». Je remercie le Custode de Terre Sainte, le p. Francesco Patton, O.F.M., pour son mot d’introduction. Et je vous salue avec reconnaissance, vous tous qui travaillez à la rédaction de la revue dans les différentes éditions linguistiques et pour les Editions Terre Sainte, ainsi que ceux qui s’occupent des sites web et des réseaux sociaux et tous les collaborateurs du Christian Media Center. Le service que vous rendez aujourd’hui est dans la continuité de l’intuition communicative qui a guidé le Custode Ferdinando Diotallevi, il y a cent ans, et qui consiste, ainsi qu’il l’écrivait dans le premier numéro de la revue, à « faire davantage connaître la Terre Sainte, la Terre de Dieu, le berceau du christianisme, les vénérables sanctuaires où s’est opérée la Rédemption du genre humain ».


Faire connaître la Terre Sainte veut dire transmettre le « Cinquième Evangile », c’est-à-dire l’environnement historique et géographique dans lequel la Parole de Dieu s’est révélée, puis s’est faite chair en Jésus de Nazareth, pour nous et pour notre salut. Cela veut dire également faire connaître les personnes qui y habitent aujourd’hui, la vie des chrétiens des différentes Eglises et dénominations, mais aussi celle des juifs et des musulmans, pour essayer de construire, dans un contexte complexe et difficile comme celui du Moyen-Orient, une société fraternelle.


La communication, au temps des réseaux sociaux, doit aider à construire la communauté, mieux encore, la fraternité (cf. Message pour la Journée mondiale des Communications sociales 2019). Je vous encourage à raconter la fraternité possible : celle entre les chrétiens d’Eglises et de confessions malheureusement encore séparées, mais qui sont souvent, en Terre Sainte, déjà proches de l’unité, comme j’ai moi-même eu l’occasion de le constater. Raconter la fraternité possible entre tous les enfants d’Abraham, juifs, chrétiens et musulmans. Raconter la fraternité ecclésiale qui s’ouvre aux migrants, aux déplacés et aux réfugiés, pour leur rendre la dignité dont ils ont été privés lorsqu’ils ont dû quitter leur patrie en quête d’un avenir pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Raconter cette réalité-là.


Je vous remercie parce que, pour raconter la Terre Sainte, vous vous efforcez de rencontrer les personnes là où elles sont et telles qu’elles sont (cf. Message pour la Journée mondiale des communications sociales 2021). En effet, pour réaliser vos rapports, vos enquêtes et vos publications, vous ne vous limitez pas aux territoires plus tranquilles, mais vous vous rendez également dans les réalités plus difficiles et souffrantes comme la Syrie, le Liban, la Palestine et Gaza. Je sais que vous essayez de présenter les histoires du bien, celles de la résistance active au mal qu’est la guerre, celles de la réconciliation, de la restauration de la dignité des enfants privés de leur enfance, celles des réfugiés avec leurs tragédies mais aussi avec leurs rêves et leurs espoirs. Merci parce que, pour accomplir ainsi votre travail, vous n’avez pas ménagé les semelles de vos chaussures et je sais que vous ne les ménagerez pas non plus à l’avenir, pour pouvoir raconter tout cela.


En effet, pour communiquer une réalité déterminée, rien ne peut complètement remplacer l’expérience personnelle, le fait de vivre sur place. Et vous vivez et travaillez précisément dans le lieu où la Parole de Dieu, son message de salut s’est fait chair et s’est rendu « rencontrable » en Jésus-Christ, non seulement dans ses paroles, mais dans ses yeux, dans sa voix, dans ses gestes (cf. Message pour la Journée mondiale des communications sociales 2021). L’attrait exercé par Jésus « dépendait de la vérité de sa prédication, mais l’efficacité de ce qu’il disait était indissociable de son regard, de ses attitudes et même de ses silences. Les disciples n’écoutaient pas seulement ses paroles ; ils le regardaient parler. En effet, en lui – le Verbe incarné – la Parole s’est faite Visage, le Dieu invisible s’est laissé voir, entendre et toucher […] (cf. 1 Jn 1, 1-3). La Parole n’est efficace que si on la « voit », que si elle t’implique dans une expérience, dans un dialogue » (ibid.).


Chers communicateurs de la Custodie de Terre Sainte, vous êtes appelés à faire connaître ce que le Synode sur la Parole de Dieu (2008), puis le pape Benoît XVI, ont appelé « le Cinquième Evangile », à savoir cette Terre où l’histoire et la géographie du salut se rencontrent et permettent de faire une lecture nouvelle du texte biblique, en particulier des textes évangéliques. Là, « nous pouvons voir, ou plutôt toucher la réalité de l’histoire que Dieu a réalisée avec les hommes. En commençant par les lieux de la vie d’Abraham jusqu’aux lieux de la vie de Jésus, de l’Incarnation jusqu’au tombeau vide, signe de la résurrection. Oui, Dieu est entré sur cette terre, il a agi comme nous dans ce monde » (Benoît XVI, Regina Caeli, 17 mai 2009). Et le mystère pascal éclaire et donne aussi un sens à l’histoire d’aujourd’hui, au chemin des populations qui vivent sur cette Terre aujourd’hui, un chemin malheureusement marqué par des blessures et des conflits, aujourd’hui encore, mais que la grâce de Dieu ouvre toujours à l’espérance, une espérance de fraternité et de paix (cf. ibid.). En ce sens également, en racontant la Terre Sainte, vous racontez le « Cinquième Evangile », celui que Dieu continue d’écrire dans l’histoire.


A travers les moyens de communication sociale, vous pouvez enrichir la foi de beaucoup, y compris de ceux qui n’ont pas la possibilité de faire un pèlerinage sur les lieux saints. Vous le faites par votre engagement professionnel, que vous mettez tous les jours avec compétence au service de l’Evangile. C’est précieux pour les croyants du monde entier et, en même temps, c’est un soutien pour les chrétiens qui vivent sur la Terre de Jésus. Et je tiens à saisir cette occasion pour leur exprimer ma proximité. Je pense toujours à eux dans ma prière. S’il vous plaît, en rentrant chez vous, apportez mes salutations et ma bénédiction aux familles et aux communautés chrétiennes de Terre Sainte.


Chers frères et sœurs, que la Providence du Seigneur et la protection de la Sainte Vierge vous accompagnent toujours dans votre activité. De tout cœur, je vous donne à tous la bénédiction, ainsi qu’à vos autres collaborateurs qui n’ont pas pu venir. Et je vous demande aussi une prière pour moi de Terre Sainte. Merci !


© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat


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