Jésus, maître de l’annonce : le pape souligne cinq éléments essentiels de
l’évangélisation
Zenit.org / Cité du Vatican, le 25 janvier 2023
Ce mercredi, lors de l’audience générale tenue dans la salle Paul VI, le pape
François a poursuivi la série de catéchèses sur le zèle apostolique du croyant. C’est
à l’issue de cette audience que le pape a rappelé la célébration de Journée Mondiale
de l’holocauste, tenue le 27 janvier.
Zenit relaie ci-dessous le texte intégral de la catéchèse, traduit par le Dicastère pour
la communication. Les intertitres et la mise en exergue de certains passages
(caractères gras) sont réalisés par Zenit.
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La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant
3. Jésus maitre de l’annonce
Mercredi dernier nous avons réfléchi sur Jésus modèle de l’annonce, sur son cœur
de pasteur toujours tendu vers les autres. Aujourd’hui, nous le regardons comme
maître de l’annonce . Laissons-nous guider par l’épisode où Il prêche dans la
synagogue de son village, Nazareth. Jésus lit un passage du prophète Isaïe (cf. 61,
1-2) et surprend ensuite tout le monde avec une «prédication» très courte, d’une
seule phrase, une seule phrase. Et il dit: «Aujourd’hui s’accomplit ce passage de
l’Ecriture que vous venez d’entendre» (Lc 4, 21). Voilà la prédication de Jésus:
«Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre». Cela
signifie que pour Jésus, ce passage prophétique contient l’essentiel de ce qu’il veut
dire de lui-même. Donc, chaque fois que nous parlons de Jésus, nous devons
retrouver cette première annonce de sa part.
Voyons alors en quoi consiste cette première annonce. Cinq éléments essentiels
peuvent être identifiés.
Premier élément de l’annonce : la joie
Le premier élément est la joie. Jésus proclame: «L’Esprit du Seigneur est sur moi;
[…] il m’a envoyé porter la joyeuse nouvelle aux pauvres» (v. 18), c’est-à-dire une
annonce de bonheur, de joie. La joyeuse nouvelle: on ne peut pas parler de
Jésus sans joie, car la foi est une merveilleuse histoire d’amour à partager.
Témoigner de Jésus, faire quelque chose pour les autres en son nom, c’est
dire entre les lignes de sa vie d’avoir reçu un don si beau que nulle parole ne
peut l’exprimer. Au contraire, quand manque la joie, l’Evangile ne passe pas, parce
qu’il est — la parole elle-même le dit — une bonne annonce, et Evangile veut dire
bonne annonce, annonce de joie. Un chrétien triste peut parler de belles choses
mais tout cela est vain si l’annonce qu’il transmet n’est pas joyeuse. Un penseur
disait: «Un chrétien triste est un triste chrétien»: n’oublions pas cela.
Deuxième élément de l’annonce : la libération
Venons-en au deuxième aspect: la libération . Jésus dit qu’il a été envoyé «pour
proclamer aux prisonniers la libération» (ibid.). Cela signifie que celui qui annonce
Dieu ne peut pas faire de prosélytisme, non, ne peut pas faire pression sur les
autres, mais les soulager: ne pas imposer de fardeaux, mais les décharger;
apporter la paix, ne pas apporter la culpabilité. Bien sûr, suivre Jésus implique
une ascèse, comporte des sacrifices; après tout, si toute bonne chose l’exige,
encore plus la réalité décisive de la vie! Toutefois, celui qui témoigne du Christ
montre la beauté de l’objectif, plutôt que la fatigue du chemin. Il nous sera déjà
arrivé de raconter à quelqu’un un beau voyage que nous avons fait. Par exemple,
nous aurons parlé de la beauté des lieux, de ce que nous avons vu et vécu, pas du
temps pour s’y rendre et des files d’attente à l’aéroport, non! Ainsi, toute annonce
digne du Rédempteur doit communiquer la libération. Comme celle de Jésus.
Aujourd’hui, il y a la joie, parce que je suis venu libérer.
Troisième élément de l’annonce : la lumière
Troisième aspect: la lumière. Jésus dit qu’il est venu apporter «la vue aux aveugles»
(ibid.). Il est frappant de constater que dans toute la Bible, avant le Christ, jamais la
guérison d’un aveugle n’apparaît, jamais. Il s’agissait en effet d’un signe promis qui
viendrait avec le Messie. Mais ici, il ne s’agit pas seulement de la vue physique, mais
d’une lumière qui fait voir la vie d’une manière nouvelle. Il y a un «retour à la
lumière», une renaissance qui ne se produit qu’avec Jésus. Si nous y
réfléchissons, c’est ainsi que la vie chrétienne a commencé pour nous: avec le
baptême, qui jadis était appelé précisément «illumination». Et quelle lumière
Jésus nous apporte-t-il? Il nous apporte la lumière de la filiation : Il est le Fils
bien-aimé du Père, vivant pour toujours; et avec Lui, nous sommes aussi des
enfants de Dieu, aimés pour toujours, malgré nos fautes et nos défauts. Alors la
vie n’est plus une avancée aveugle vers le néant, non: elle n’est pas une question de
chance ou de destin, elle n’est pas quelque chose qui dépend du hasard ou des
étoiles, ni même de la santé ou des finances, non. La vie dépend de l’amour, de
l’amour du Père, qui prend soin de nous, ses enfants bien-aimés. Comme il est beau
de partager cette lumière avec les autres! Avez-vous pensé que la vie de chacun de
nous — ma vie, ta vie, notre vie — est un geste d’amour? Est une invitation à
l’amour? C’est merveilleux! Mais souvent, nous oublions cela, face aux difficultés,
face aux mauvaises nouvelles, et aussi face — et cela est triste — à la mondanité, à
la façon mondaine de vivre.
Quatrième élément de l’annonce : la guérison
Quatrième aspect de l’annonce: la guérison. Jésus dit être venu «libérer les
opprimés» (ibid.). Les opprimés sont ceux qui se sentent écrasés dans la vie par
quelque chose qui arrive: les maladies, les difficultés, les fardeaux du cœur, la
culpabilité, les erreurs, les vices, les péchés…
Opprimés par cela: pensons par exemple aux sentiments de culpabilité.
Combien d’entre nous souffrent de cela? Pensons un peu à un sentiment de
culpabilité vis-à-vis de cela, de cette autre chose… Ce qui nous opprime, par-
dessus tout, c’est précisément ce mal même qu’aucun médicament ou remède
humain ne peut guérir: le péché. Et si quelqu’un a un sentiment de culpabilité pour
quelque chose qu’il a fait; et qu’il se sent mal.. Mais la bonne nouvelle est qu’avec
Jésus, ce mal ancien, le péché, qui semble invincible, n’a plus le dernier mot. Je
peux pécher parce que je suis faible. Chacun de nous peut le faire, mais cela n’est
pas le dernier mot. Le dernier mot est la main tendue de Jésus qui te relève du
péché. Et, combien de fois fait-il cela? Une fois? Non. Deux? Non. Trois? Non.
Toujours. Chaque fois que tu ne vas pas bien, le Seigneur tend toujours la
main. Il suffit de s’agripper et de se laisser porter. La bonne nouvelle est qu’avec
Jésus, ce mal ancien n’a plus le dernier mot: le dernier mot est la main tendue
de Jésus qui te fait avancer. Jésus nous guérit toujours du péché. Et combien
dois-je payer pour la guérison? Rien. Il nous guérit toujours et gratuitement.
Il invite tous ceux qui sont «fatigués et opprimés» — il le dit dans l’Evangile — il
invite à venir à Lui (cf. Mt 11, 28). Ainsi, accompagner quelqu’un à la rencontre de
Jésus, c’est l’amener chez le médecin du cœur, qui soulage sa vie. C’est dire:
«Frère, sœur, je n’ai pas de réponses à tant de tes problèmes, mais Jésus te
connaît, Jésus t’aime, il peut te guérir et rasséréner ton cœur». Celui qui porte des
fardeaux a besoin d’une caresse sur son passé. Tant de fois nous entendons:
«Mais j’aurais besoin de guérir mon passé… J’ai besoin d’une caresse sur ce
passé qui me pèse tant…». Il a besoin de pardon. Et ceux qui croient en Jésus
ont précisément cela à donner aux autres: la force du pardon de Dieu, qui
libère l’âme de toute dette. Frères, sœurs, n’oublions pas: Dieu oublie tout.
Comment cela se fait-il? Oui, il oublie tous nos péchés, il ne s’en souvient pas.
Dieu pardonne tout parce qu’il oublie nos péchés. Il suffit de s’approcher du
Seigneur et il nous pardonne tout. Pensez à quelque chose de l’Evangile, à celui
qui a commencé à parler: «Seigneur, j’ai péché!». Ce fils… Et le père lui met la main
devant la bouche. «Non, cela va bien, rien…». Il ne le laisse pas finir… Et cela est
beau. Jésus nous attend pour nous pardonner, pour nous guérir. Et combien? Une
fois? Deux fois? Non. Toujours. «Mais -père, je fais toujours les mêmes choses…» Et
lui aussi fera toujours les mêmes choses: te pardonner, t’embrasser. S’il vous plaît,
ayons confiance en cela. C’est ainsi que nous aime le Seigneur. Que celui qui porte
des poids et a besoin d’une caresse sur le passé, qui a besoin de pardon, qu’il sache
que Jésus le fait. Et c’est cela que donne Jésus: libérer l’âme de toute dette. Dans la
Bible, on parle d’une année au cours de laquelle on était libéré du fardeau des
dettes: le Jubilé, l’année de grâce. Comme si c’était le dernier point de l’annonce.
Jésus dit en effet être venu «proclamer l’année de grâce du Seigneur» (Lc 4, 19). Ce
n’était pas un jubilé planifié, comme ceux que nous faisons à présent, où tout est
programmé et on pense à comment faire et ne pas faire… non. Mais avec le Christ,
la grâce qui rend la vie nouvelle arrive toujours et émerveille toujours. Le
Christ est le jubilé de tous les jours, de toute heure, il s’approche de toi pour te
caresser, te pardonner. Et l’annonce de Jésus doit toujours apporter
l’émerveillement de la grâce.
Cet émerveillement… «Je ne peux pas y croire, j’ai été pardonné, j’ai été
pardonnée». Mais notre Dieu est si grand! Car ce n’est pas nous qui faisons de
grandes choses, mais c’est la grâce du Seigneur qui, également à travers
nous, accomplit des choses imprévisibles. Et ce sont les surprises de Dieu.
Dieu est un maître des surprises. Il nous surprend toujours, il nous attend toujours.
Nous arrivons, et Lui attend. Toujours. L’Evangile s’accompagne d’un sentiment
d’émerveillement et de nouveauté qui a un nom: Jésus.
Qu’il nous aide à le proclamer comme il le souhaite, en communiquant joie,
libération, lumière, guérison et émerveillement. C’est ainsi que l’on communique
Jésus.
Cinquième élément de l’annonce : l’adresse aux pauvres
Une dernière chose: cette joyeuse annonce , dont parle l’Evangile, est adressée
«aux pauvres» (v. 18). Nous les oublions souvent, pourtant ce sont les destinataires
explicitement mentionnés, car ils sont les bien-aimés de Dieu. Souvenons-nous
d’eux, et souvenons-nous que, pour accueillir le Seigneur, chacun de nous doit
se faire «pauvre intérieurement».
Avec cette pauvreté qui fait dire… «Seigneur, j’ai besoin de pardon, j’ai besoin
d’aide, j’ai besoin de force». Cette pauvreté que nous avons tous: se faire
pauvre à l’intérieur. Il s’agit de vaincre toute prétention à l’autosuffisance pour
se reconnaître comme ayant besoin de la grâce, ayant toujours besoin de Lui.
Si quelqu’un me dit: Père, mais quel est le chemin le plus bref pour rencontrer
Jésus? Aie besoin. Aie besoin de grâce, aie besoin de pardon, aie besoin de joie. Et
il s’approchera de toi.
***
À la fin de l’audience, le pape a adressé une salutation cordiale aux pèlerins de
langue française :
Frères et sœurs, en ce jour où nous fêtons la Conversion de saint Paul, clôture de la
Semaine de prière pour l’unité des chrétiens sur le thème: «Apprenez à faire le bien!
Recherchez le droit» (Is 1, 17), demandons la grâce d’être revêtus de la lumière du
Christ, porteurs d’une joyeuse annonce à toutes les personnes qui ont besoin de
libération et de guérison. Que Dieu vous bénisse!
Et il a conclu :
Après-demain, 27 janvier, est célébrée la Journée internationale de commémoration
des victimes de l’Holocauste. Le souvenir de l’extermination de millions de
personnes juives et d’autres confessions ne peut être oublié, ni nié. Il ne peut y avoir
d’engagement constant en vue de construire ensemble la fraternité sans avoir
d’abord dissipé les racines de la haine et de la violence qui ont alimenté l’horreur de
l’Holocauste.
Que ne manque pas dans nos pensées et dans nos prières l’Ukraine martyrisée, si
affligée. Ce matin, j’ai rencontré les chefs des diverses confessions religieuses
présentes en Ukraine — tous unis — et ils m’ont raconté la douleur de ce peuple.
N’oublions jamais, chaque jour, de prier pour la paix définitive en Ukraine.
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Pour la traduction : Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice
Vaticana
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